Bousier
Texte, en cours
#020
La nouvelle année 2010 est arrivée.
Une fois adaptée au décalage horaire, mon travail pour le DNAP (Le diplôme national d'arts plastiques) m’attendait. Hormis les cours et les conférences, je travaillais toute la journée à l’atelier mis en place par l'école. À la pause déjeuner, je mangeais des paniers-repas avec mes amis dans la cour de l’école, puis je prenais un café et fumais une cigarette au dessert. Nous avons tous adoré ces moments doux-amers.
Au cours de ma deuxième année, je suis devenue amie avec Estelle. Elle me faisait penser à un personnage d'une peinture de la Renaissance italienne. Estelle était toujours prête à me parler, sans savoir à quel point je comprenais ses histoires. Nous parlions souvent d'art et de nos propres travaux.
En préparant mon diplôme, je travaillais comme un bousier. Le scarabée bousier apparaît dans la mythologie égyptienne ancienne, où se roulant dans ses excréments, il rappelle le dieu Râ en train de déplacer le soleil. C'est pourquoi l'alter ego de Râ, Khepri, a la forme d'un bousier. La ponte d'œufs dans des excréments ou dans des animaux morts symbolisait la résurrection. Les anciens Égyptiens plaçaient donc des ornements en forme de bousier dans leurs tombes pour symboliser la résurrection.
Pendant environ 7 mois, j'ai travaillé dans l'attente d’une telle nouvelle naissance. J'ai utilisé divers matériaux pauvres tels que du polystyrène, de la ficelle et des caisses de fruits en bois pour créer la forme de la « sphère ». Je les ai transformé et additionné petit à petit pour augmenter sa taille, à l'instar de la méthode de travail de l'« artepovera », qui signifie « pauvre », « maigre » ou « chétif ». À la fin du processus, j’ai couvert le sphère avec un tressage de la corde de jute, qui mesurait environ 1,3 mètre de diamètre.