Shin-hye (2023)
Texte, fusain au mur d'après le croquis du carnet, dimension vaiable
#011

[À Perpignan, de septembre 2007 à juin 2008]

Shin-hye, je l'ai rencontrée à Perpignan en France en 2007.
Dès la première rencontre avec elle, j’ai ressenti son charisme extraordinaire.
Elle avait son propre style unique. Le pull vert et les bottes en cuir lui allaient bien.
Elle parlait couramment l'anglais, et même si elle n'était pas bonne en français (comme tous les autres étudiants qui apprenaient le français à l’époque), elle ne manquait pas de confiance en soi. Lorsque les enfants innocents(?) de la ville se moquaient des femmes asiatiques, Shin-hye se mettait tout devant pour nous défendre.

En un mot, c'était une jeune femme chic à mes yeux.
Elle s'exprimait sans hésitation et sans détour.
Sa façon de fumer aussi m’avait l’air cool et légitime.

Il semblait qu'elle inhalait et expirait à travers sa cigarette un nouvel air qui lui était propre.
Grâce/à cause au/du goût de cigarette que Shin-hye m'a fait connaître, j'ai commencé à fumer.
Prendre une cannette de Coca-cola Cherry au distributeur automatique à l’entrée du bâtiment de la cité universitaire et en boire et tout en fumant une cigarette est devenu mon rituel de soir. Je ne me souviens plus de ce goût, mais je me souviens avoir pensé que c'était une harmonie fantastique.

Shin-hye et moi avons dessiné au fusain sur le mur du parking de la cité universitaire, et chacune a pris une photo de l’autre avec un appareil classique. Elle et moi aimions la photographie, le café et nouvellement la cigarette. J’ai surtout apprécié chez elle la philosophie du goût amer de la vie.

Elle était la seule personne parmi notre groupe d’amies coréennes à vivre dans un studio correct par rapport à la chambre universitaire. Nous faisions des soirées et des fêtes de Nouvel An chez elle. Nous étions sept coréennes, nous nous sentions presque comme une famille en fin d’année scolaire.
Un jour, elle est tombée amoureuse d'un étudiant espagnol et est partie pour Barcelone.